La Direction des Données Ouvertes de la Recherche (DDOR) du CNRS a récemment publié un rapport qui analyse la production scientifique du CNRS en 2017 et les modèles économiques associés. Retour sur quelques enseignements de ce rapport.
Le taux d’accès ouvert (AO) des publications des laboratoires rattachés au CNRS progresse chaque année (de 49% en 2017, il passe à 67% en 2019). L’étude bibliométrique du CNRS montre que cette progression passe à la fois par la voie dorée – articles ouverts chez l’éditeur moyennant le paiement d’APC (Article Processing Charges) – et par la voie verte – dépôt en archive ouverte, sans frais.
L’étude montre également que les proportions d’accès ouvert entre les différentes voies sont très variables suivant les disciplines des instituts du CNRS (voir le graphique comparatif). Les biologistes sont ceux qui ont le plus pris l’habitude de payer des frais de publication pour publier en accès ouvert : 38% des publications de 2017 de l’INSB (Institut national des sciences biologiques) sont en accès ouvert chez l’éditeur (voie dorée). A l’inverse, l’INSMI (Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions ) fait partie des instituts qui ont la plus forte proportion de publications en archives ouvertes (au moins 56%).
Le rapport du CNRS fait également le point sur les dépenses consacrées aux publications scientifiques. Elles se répartissent en deux catégories :
- Les abonnements aux revues, dont le montant a été de 12 millions d’euros en 2017.
- Les dépenses consacrées aux Article Processing Charges (APC), qui sont de presque 2 millions d’euros en 2017, avec une moyenne d’APC de 1 766 € par article.
Le modèle économique des APC, dit “auteur-payeur”, ne serait pas soutenable par le CNRS si tous les articles publiés étaient facturés au coût moyen d’un APC. Pour cette raison et parce qu’il induit des inégalités entre chercheurs suivant leurs institutions et leurs pays, le CNRS ne soutient pas ce modèle et ne signe aucun accord transformant, modèle qui couple les paiements des abonnements et des APC et accroit la dépendance aux grands éditeurs.
Les auteurs de ce rapport concluent en ces termes : “Cette étude a permis de montrer qu’il est possible d’atteindre un taux élevé de publications en accès ouvert par le biais des archives ouvertes. L’accès ouvert ne doit donc pas être entendu comme un synonyme de « paiement de frais de publications » […]. Un des moyens pour atteindre l’objectif de 100 % de publications en accès ouvert consistera donc à développer des pratiques de dépôt systématique des articles sur les archives ouvertes […]. L’obligation du dépôt dans HAL, lors de la campagne CRAC va dans ce sens.
[…] Si nous ne voulons pas que le paiement de frais de publication soit le modèle dominant d’ici dix ans, nous devons réfléchir dès maintenant à des alternatives au modèle auteur-payeur. La Rights Retention Strategy mise en place par la cOAlition S à partir du 1er janvier 2021, va quant à elle encore plus loin [que la Loi pour une République Numérique], en demandant aux auteurs de déposer leur MAA [manuscrit auteur accepté] avec une licence CC-BY sur une archive ouverte, dès la parution de l’article. Si les chercheurs s’emparent des possibilités permises par la Rights Retention Strategy, cela permettra de développer l’accès ouvert à peu de frais, sur les archives ouvertes plutôt que sur les sites des éditeurs”.
Retrouvez sur CNRS Info un article synthétisant les principaux résultats du rapport : Accès ouvert : les pratiques des scientifiques analysées