L’anglais est la langue des sciences. Cela n’a pas toujours été le cas mais de nos jours plus de 90% des publications scientifiques dans le domaine des sciences dures sont rédigées en anglais. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes.
Pour les auteurs dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, l’hégémonie de celle-ci dans leur domaine de recherche amène de nombreuses difficultés supplémentaires, difficiles à quantifier et sujettes à débat. Entre autres problèmes recensés par la littérature sur le sujet :
- Pour un étudiant maitrisant mal cette langue, une compréhension plus laborieuse des travaux qui alimentent son champ de recherche, ce qui peut affecter ses chances de réussite ;
- Des efforts supplémentaires lors de la rédaction des articles qui peuvent amener à se retirer de certains projets, notamment des prises de parole en public ;
- L’instauration de hiérarchies informelles au sein des équipes liées à la plus ou moins bonne maitrise de la langue ;
- Des difficultés supplémentaires lors du peer-reviewing qui renvoient à la mauvaise qualité de l’expression et non au propos scientifique ;
- Des engagements de frais supplémentaires pour la traduction des travaux.
Pour les lecteurs et la diffusion de la science en générale :
- Les articles écrits dans d’autres langues que l’anglais ont moins de chance d’être lus et cités par la communauté scientifique ;
- Une grande partie des recherches nationales des pays non anglophones est maintenant écrite dans une langue qui n’est pas celle de leur population, leur rendant de facto inaccessible ;
- Certaines cultures scientifiques régionales pourraient être perdues au détriment d’une pensée plus uniformisée par le monde anglo-saxon.
Face à ces problèmes posés par la domination exclusive d’une langue de la science, l’Initiative d’Helsinki sur le multilinguisme dans la communication savante affirme en 2019 l’importance des langues natives. Signé par de nombreuses institutions, ce texte émet les recommandations suivantes :
- Soutenir la diffusion des résultats de la recherche dans l’intérêt de la société ;
- Protéger les infrastructures nationales permettant la publication de recherches pertinentes au niveau local ;
- Promouvoir la diversité linguistique dans les systèmes d’évaluation et de financement de la recherche.
Mais comment concilier le multilinguisme et la circulation internationale des connaissances ? En France, le deuxième Plan national pour la science ouverte propose une solution :
“(…) Les progrès spectaculaires des technologies de la traduction appuyées sur l’intelligence artificielle devraient nous permettre de dépasser cette contradiction. Un soutien sera apporté à l’expérimentation d’outils et de services de traduction de textes scientifiques, afin de favoriser le rayonnement international de la production scientifique en langue française et de faciliter la diffusion des productions scientifiques en langues étrangères auprès des publics francophones.”