La revue eLife a annoncé le 20 octobre 2022 qu’elle changeait de système de publication : à partir de 2023, il n’y aura plus de choix éditorial après le processus de peer-reviewing, c’est-à-dire, plus de décisions d’acceptation ou de rejet des articles.
Fondée en 2012 grâce au Howard Hughes Medical Institute, à la Max Planck Society et au Wellcome Trust, la revue eLife avait déjà évolué en 2021 en décidant de publier uniquement des articles déjà postés sur des plateformes de préprints et en publiant les reviews en complément des prépublications.
Ce nouveau changement de système va plus loin : tous les articles peer-reviewés seront publiés sur leur site. Concrètement, ce nouveau système de publication peut être résumé en cinq étapes :
- Soumission de l’article (publié sur une plateforme de préprints) à eLife. L’article est évalué par les éditeurs d’eLife et sélectionné pour examen par les pairs.
- Peer-reviewing : les reviewers sont invités à rédiger une évaluation publique incluant les forces et les faiblesses du préprint, des suggestions de révisions et d’améliorations, etc. Les reviewers et les éditeurs discutent entre eux de leurs évaluations et évaluent l’importance des résultats et la force des preuves présentées dans le préprint. Leurs conclusions sont consignées dans une évaluation eLife.
- Publication de l’article en tant que Reviewed Preprint sur le site d’eLife, accompagné de l’évaluation eLife, des évaluations publiques de chaque reviewer et – si les auteurs le souhaitent – d’une réponse de leur part.
- Révision de l’article par les auteurs, s’ils le souhaitent : les auteurs peuvent décider d’apporter des corrections à leur article pour répondre aux commentaires des reviewers et soumettre une version modifiée de leur article. La version révisée sera revue par les pairs, les évaluations seront mises à jour et un nouveau Reviewed Preprint sera publié.
- Publication de la version finale de l’article : lorsque les auteurs sont satisfaits de leur article, il peuvent demander que le Reviewed Preprint actuel devienne la version finale de l’article (Version of Record). C’est cette version qui sera indexée dans Pubmed.
La revue propose déjà des exemples de Reviewed Preprints mettant en avant, dès le haut de la page, les commentaires des pairs, ainsi que l’évaluation eLife rédigée de façon synthétique et dans un langage accessible à des lecteurs non-experts. eLife considère dans son éditorial que la publication de ces évaluations et reviews est bien plus efficace pour “exprimer la pensée de nos reviewers et éditeurs et pour saisir la nature nuancée, multidimensionnelle et souvent ambiguë de l’examen par les pairs” qu’une simple décision d’acceptation ou de rejet.
Côté chercheurs, les réactions sont pour le moment partagées. On peut noter celle de Sophien Kamoun, qui y voit notamment une manière pour les chercheurs de reprendre le contrôle du processus de peer-reviewing (c’est le chercheur qui décide quand arrêter le processus et passer à la Version of Record) ou encore celle de Paul Bienasz, qui s’inquiète que ce changement de modèle ne porte atteinte au prestige d’eLife.