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Open Hardware : un aspect trop souvent oublié de la science ouverte

Un article publié récemment par l’organisation SPARC met en lumière les travaux de Julieta Arancio, fervente défenseuse de l’approche Open Hardware (dont nous vous parlions ici). Cette chercheuse au Center for Science, Technology and Society de l’Université Drexel rappelle que l’accès au design des instruments scientifiques est un élément essentiel de la science ouverte, trop souvent négligé.

Julieta Arancio dresse le constat que le système actuel est :

  • Inégal : car les coûts d’achat des instruments scientifiques sont différents dans les différentes parties du monde. Les fournisseurs étant essentiellement situés dans les pays du Nord, la chaine d’approvisionnement est très longue pour les pays du Sud, ce qui a un impact sur les coûts, les délais, les disponibilités…
  • Non-durable : les matériels scientifiques sont généralement considérés comme des « boîtes noires » très complexes (avec différentes couches de matériel et de logiciel). Ils sont généralement très peu documentés, ce qui ne facilite pas leur personnalisation ni leur réparation.
  • Inefficace : le système actuel influence la façon dont les scientifiques pensent leur question de recherche. Plutôt que de laisser parler leur créativité, les chercheurs doivent faire avec ce que la technologie disponible leur permet de faire.

Et pourtant, de plus en plus de physiciens, neuroscientifiques, médecins, biologistes… utilisent des outils de prototypage pour créer leur propre infrastructure scientifique ou améliorer des instruments existants.

Un exemple concret : le microscope OpenFlexure. Ce microscope, dont la documentation a été publiée en 2016, peut être quasi-totalement fabriqué par impression 3D (sauf certains éléments optiques ou électroniques). Il a été réutilisé pour des projets divers à travers le monde (dont vous trouverez des exemples sur cette page).

Selon Julieta Arancio, il est donc important de promouvoir l’approche Open Hardware pour améliorer l’efficacité de la recherche et libérer un potentiel de découvertes scientifiques. Elle propose donc :

  • D’inclure la notion d’Open Hardware dans les politiques de Science Ouverte (pour valoriser les scientifiques qui suivent déjà cette approche, inciter les autres à se lancer…),
  • Que les institutions soutiennent cette approche via leur service de valorisation : en accompagnant les scientifiques dans l’adoption de licences Open Source pour le matériel, comme alternative à la propriété intellectuelle,
  • De former les scientifiques localement sur tous les aspects de l’Open Hardware :  savoir partager son matériel avec la licence adaptée, savoir documenter un matériel, comprendre une documentation…

Voir aussi : L’intervention de Julieta Arancio à la Conférence des Nations unies sur la science ouverte en février 2023.

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